s'étendent mordorés les doux tapis feuillés
sous les pas de l'été cheminant vers sa chambre.
Où va août quand vient septembre ?
s'étendent mordorés les doux tapis feuillés sous les pas de l'été cheminant vers sa chambre.
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![]() En cette huitième heure matinale, la tonifiante fraîcheur et la douce lumière dorée stimulent tant ma flemme estivale que je me décide à dessiner chaque détail de cette molène noire. Kîîk... Kîîk... à la pointe de la cime de l'épicéa, deux pics épeiches. L'un s'envole quand mes jumelles se pointent vers lui ; l'autre reste et continue son cri. Depuis juillet, les jeunes devenus adultes ont été chassés par leurs parents et doivent conquérir un territoire : ce cri est peut-être territorial, intimidant pour l'intrus.
Le pic épeiche raffole des graines de conifères : selon Géroudet, en un jour il peut consommer 9 cônes, soit 1440 graines - ayons une pensée émue pour le malheureux comptable. Bien, j'aurai trouvé une nouvelle bonne excuse pour éviter le dessin botanique. A la prochaine, Molène ! En août, le brocard devient fou, car la chevrette lui fait tourner la tête ! Chacun paît en paix quand soudain, la chevrette voit le brocard qui voit la chevrette et cou tendu, ils marchent l'un vers l'autre jusqu'à joindre les museaux (sans doute leur lèvre supérieure est-elle retroussée, posture caractéristique du flehmen). La chevrette s'encourt au galop vers l'avant de la prairie et échappe à mon regard. Le brocard reste un instant cloué sur place, puis se retourne et galope vers une autre chevrette sortie du bois pendant l'approche des deux autres. Concluant une folle poursuite en ronde rapide, la chevrette s'arrête et le brocard lui flaire l'arrière-train. Puis chacun se repaît. L'une des deux chevrettes est-elle la mère du chevrillard, cette fois invisible ? Depuis début juin, une chevrette et son faon sont présents à toute heure dans tous les jardins en lisière du petit bois. Il y prennent parfois un bain de soleil durant les premières heures du jour. Mais le soir, je ne vois que des adultes dans le pré plus en amont.
La chevrette 1 semblait d'abord disponible au brocard. En se flairant, quelle incompatibilité a-t-elle décelée ? Le brocard serait-il son fils ou un parent ? La chevrette 2 va-t-elle répondre aux avances du brocard ? Suite lors d'un prochain épisode... Au retour d'une de ces balades matinales qui font les cheveux frisés de rosée et les joues roses, devant un lait fumant aromatisé à l'indienne, je m'apprête à savourer ce délicieux biscuit du Moulin du Pivert... mais il est là le Pivert, dans le jardin ! Il vous reste à tenter l'expérience.
N.B. : Monsieur Pivert arbore une amande rouge à la moustache. Ceci n'est pas un message codé. Il m’a fallu patienter jusqu’au lever tardif du soleil pour retrouver peu à peu toute la joyeuse bande à Cacao. Ils étaient tout gratouillant et papouillant, comme réjouis d’être encore ensemble.
L’hiver a dépeuplé le pré face à mon atelier. La famille Cacao est rentrée à l’étable et au printemps prochain, les petits me seront méconnaissables ; certains ont peut-être rejoint une autre destinée et je ne les reverrai pas. Après ces mois de voisinage, j’ai encore beaucoup à plancher sur les vaches pour comprendre l’éthologie bovine. Mais il me semble évident que sous le cuir palpite un cœur… vachement semblable au nôtre. Mes voisins bovins ont la chance, pas assez répandue hélas, de pouvoir mener une vie épanouie dans l’intimité des bocages qui leur procurent tantôt fraîcheur en cas de chaleur, tantôt protection contre les intempéries. Tout en regardant paisiblement passer notre si peu sapiens train-train humain, ils peuvent se gratter contre des troncs, explorer et surprendre l’ondulante hermine, le riant pic-vert et la revêche chevêche. Mais quel choc – tant physique que psychologique - doit représenter le voyage infernal dans une remorque cahotante et dure, dépassée par des bolides au gaz nauséabonds, pour la destination hécatombe[1] ! Quelle que soit la sensibilité de chacun à la cause animale, un changement d’attitude est de toute façon indispensable à la survie de notre espèce humaine, voyez le rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations). Alors, avant de cogiter vos emplettes, pensez aux légumineuses, mises à l’honneur cette année par la 68ème Assemblée des Nations-Unies. Et si vraiment vous ne pouvez échapper à ces incontournables barbecues… faites des envieux avec une délicieuse brochette de légumes ! Sources : Cyrulnik, B. (Eds) : Si les lions pouvaient parler. Gallimard. Tacheny, A. : Éthologie des bovins. Notes de cours. Février 2012. Walter, H., Avenas, P. : L’étonnante histoire des noms des mammifères. Robert Laffont. [1] Hécatombe étymologiquement signifie sacrifice de 100 (hekaton) bœufs (bous). |
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March 2023
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