L’hiver a dépeuplé le pré face à mon atelier. La famille Cacao est rentrée à l’étable et au printemps prochain, les petits me seront méconnaissables ; certains ont peut-être rejoint une autre destinée et je ne les reverrai pas. Après ces mois de voisinage, j’ai encore beaucoup à plancher sur les vaches pour comprendre l’éthologie bovine. Mais il me semble évident que sous le cuir palpite un cœur… vachement semblable au nôtre.
Mes voisins bovins ont la chance, pas assez répandue hélas, de pouvoir mener une vie épanouie dans l’intimité des bocages qui leur procurent tantôt fraîcheur en cas de chaleur, tantôt protection contre les intempéries. Tout en regardant paisiblement passer notre si peu sapiens train-train humain, ils peuvent se gratter contre des troncs, explorer et surprendre l’ondulante hermine, le riant pic-vert et la revêche chevêche. Mais quel choc – tant physique que psychologique - doit représenter le voyage infernal dans une remorque cahotante et dure, dépassée par des bolides au gaz nauséabonds, pour la destination hécatombe[1] !
Quelle que soit la sensibilité de chacun à la cause animale, un changement d’attitude est de toute façon indispensable à la survie de notre espèce humaine, voyez le rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations). Alors, avant de cogiter vos emplettes, pensez aux légumineuses, mises à l’honneur cette année par la 68ème Assemblée des Nations-Unies. Et si vraiment vous ne pouvez échapper à ces incontournables barbecues… faites des envieux avec une délicieuse brochette de légumes !
Sources :
Cyrulnik, B. (Eds) : Si les lions pouvaient parler. Gallimard.
Tacheny, A. : Éthologie des bovins. Notes de cours. Février 2012.
Walter, H., Avenas, P. : L’étonnante histoire des noms des mammifères. Robert Laffont.
[1] Hécatombe étymologiquement signifie sacrifice de 100 (hekaton) bœufs (bous).