Ce matin, 7°C après une légère gelée superficielle. Les insectivores, tels cette mésange bleue, viennent grappiller les drosophiles attirées par le compost (potager en trou de serrure), et en particulier celles dessous l'écorce de potimarron. Les chardonnerets exploitent les tournesols, après avoir vidé les cardères. Tout le petit monde à plumes se restauraure dans la haie. Nul besoin d'acheter graines, boules de graisse et autres pièges à bonne conscience, 'suffit de planter.
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Notre ami William souhaite que son fils puisse vivre dans un pays où ses parents pourraient le rejoindre et vieillir heureux, bien soignés. Il pense notamment à la Belgique. Résidence-service, maison de repos, soins palliatifs... peuvent-ils avantageusement remplacer la maison plurigénérationnelle, dans le village natal ? Devons-nous naître pour tenir chaud à ceux qui deviennent orphelins ?
Il n'y a que de bonnes raisons d'agir pour mettre fin aux dérives de la chasse. Contribuez de votre voix ici
Ce soir, je souhaite rendre visite à un ami que j’ai négligé ces derniers temps. Je traverse le village et monte le sentier… cavalcade bruyante à droite ! Non, capreolade : un chevreuil s’enfuit sur le talus et j’en suis désolée. Je me fais plus silencieuse encore, mais à nouveau, galop précipité et bonds dans la prairie à gauche sans lesquels je n’aurais pas vu la chevrette. Je me sens honteuse de ces deux dérangements en si peu de temps. J’ai donc encore des progrès à faire avant de devenir chevrette. A présent enracinée, je suis au moins inaudible. Etre inodore est certainement illusoire, mais comme une légère brise me chatouille le visage, je serai discrète pour qui arrivera en face. Tout est vert et ocre rouge. Un merle ne cesse de donner l’alarme. Un tracteur passe trop près, trop vite, trop bruyant, à 100 mètres. Tout est gris bleuté. Friselis et froissements : un petit fantôme s’agite. Je l’entends se déplacer, fourrager, mais non s’épouiller. Peut-être est-il accompagné, mais l’obscurité me rend incertaine. J’attends que tout soit silencieux et je descends en espérant ainsi ne pas déranger mon ami blaireau, car les pistes de cet hiver partaient toutes vers le haut. ![]() Au bas du sentier, la maison toute illuminée me gâche le velouté nocturne. Une énorme bâtisse, baies vitrées non occultées sur la façade et le pignon, diffuse sa pollution lumineuse sur le sentier et le petit bois, tel un mur infranchissable et hostile supplémentaire entre le petit peuple sauvage et l’ample humanité. La lumière va plus loin que les murs et les fenêtres d’une maison. Elle touche des zones qui devraient juste être éclairées par la lune. Elle insécurise et perturbe les animaux dont la vision est optimale dans l’obscurité. La chevêche compterait-elle les étoiles ? Pour en savoir davantage : https://www.rtbf.be/auvio/detail_les-curieux-du-matin-sophie-brems?id=2175166
Partis, les décérébrés qui ont campé tout l'été, laissant les lieux ravagés. A venir, les lobotomisés qui vont chasser pour le simple plaisir de tuer. Qu'il est bon de baguenauder. Château de la Haute-Roche : quand l'humanité est ruine, la végétation culmine. La petite fenêtre bleue du domaine de Goupirou.
Il m’a fallu patienter jusqu’au lever tardif du soleil pour retrouver peu à peu toute la joyeuse bande à Cacao. Ils étaient tout gratouillant et papouillant, comme réjouis d’être encore ensemble.
L’hiver a dépeuplé le pré face à mon atelier. La famille Cacao est rentrée à l’étable et au printemps prochain, les petits me seront méconnaissables ; certains ont peut-être rejoint une autre destinée et je ne les reverrai pas. Après ces mois de voisinage, j’ai encore beaucoup à plancher sur les vaches pour comprendre l’éthologie bovine. Mais il me semble évident que sous le cuir palpite un cœur… vachement semblable au nôtre. Mes voisins bovins ont la chance, pas assez répandue hélas, de pouvoir mener une vie épanouie dans l’intimité des bocages qui leur procurent tantôt fraîcheur en cas de chaleur, tantôt protection contre les intempéries. Tout en regardant paisiblement passer notre si peu sapiens train-train humain, ils peuvent se gratter contre des troncs, explorer et surprendre l’ondulante hermine, le riant pic-vert et la revêche chevêche. Mais quel choc – tant physique que psychologique - doit représenter le voyage infernal dans une remorque cahotante et dure, dépassée par des bolides au gaz nauséabonds, pour la destination hécatombe[1] ! Quelle que soit la sensibilité de chacun à la cause animale, un changement d’attitude est de toute façon indispensable à la survie de notre espèce humaine, voyez le rapport de la FAO (Food and Agriculture Organization of the United Nations). Alors, avant de cogiter vos emplettes, pensez aux légumineuses, mises à l’honneur cette année par la 68ème Assemblée des Nations-Unies. Et si vraiment vous ne pouvez échapper à ces incontournables barbecues… faites des envieux avec une délicieuse brochette de légumes ! Sources : Cyrulnik, B. (Eds) : Si les lions pouvaient parler. Gallimard. Tacheny, A. : Éthologie des bovins. Notes de cours. Février 2012. Walter, H., Avenas, P. : L’étonnante histoire des noms des mammifères. Robert Laffont. [1] Hécatombe étymologiquement signifie sacrifice de 100 (hekaton) bœufs (bous). 20 mai, 8h. Cacao est couché, tête dressée vers le nord. Cousin est debout tout à côté, son mufle posé contre le cou du taurillon. Ils restent ainsi une longue minute, puis Cousin se redresse et reste debout à côté de Cacao maintenant roulé en boule. L’organisation sociale des bovins est en partie basée sur des relations de dominance, mais ce sont les affinités qui assurent la cohésion du troupeau. Elles ont pour origine la parenté ou une histoire commune durant les 6 premiers mois de la vie, avant que ne s’établissent les relations de dominance. Ces relations privilégiées accroissent la tolérance lors des situations de compétition. Elles se manifestent par le léchage, le flairage, le frottement, l’appui de la tête contre le corps de l’autre, des jeux de tête, l’épouillage mutuel, la proximité spatiale. 29 mai. Cacao et Cousin sont volontiers ensemble, à se faire des papouilles. Cacao reste aussi très proche du chariot de bon fourrage, trop haut pour lui. Il attend et se place en-dessous de Moman ou de Cousin quand il broute, pour récupérer le fourrage qui tombe. 31mai. Il pleut à l’horizontale, mais Alain traverse lentement le pré vers la famille Cacao qui s’écarte et le suit du regard. Le vétérinaire le suit aussi, tout en revêtant une blouse de plastique transparent. Françoise les rejoint. Ils s’approchent d’une vache qu’Alain attache au chariot de bon fourrage. La famille Cacao s’attroupe et observe la scène. Le vétérinaire incise le ventre de la vache. De cette fente de tirelire rouge, dépasse une queue brune : un petit veau va venir au monde. Françoise tire sur la corde qui lie la tête de la vache. Le vétérinaire plonge les deux bras dans le ventre de la vache et une masse tombe sur le sol, désarticulée. Mais bientôt le petit puzzle s’assemble et devient petit veau qui se secoue les oreilles et se toilette. Le vétérinaire tire le placenta et recoud la plaie pendant que Françoise tapote en souriant la tête de la maman vache qui s’impatiente. C’est l’une des rares césariennes pratiquées dans cet élevage bio. Parée d’un magnifique pansement vert, la vache libérée marche droit vers le fond du pré et disparaît derrière l’étable, plantant là toute l’assemblée, abandonnant son petit. Alain se fait pour ainsi dire bosphoronte : il lie les pattes arrière du petit veau et le traîne derrière lui, suivi par toute la famille Cacao. Le temps d’un petit arrêt, Moman s’approche pour lécher le petit veau. Alain reprend le taurillon par les pattes et le cortège reprend, jusqu’à hors de portée de ma vue.
Pour approcher un objet inconnu, le bovin tend le museau en avant et en cas de méfiance, tend le corps en arrière. Il renifle, puis lèche l’objet. Après un temps de repos, l’accouchée reconnaît son petit à l’odeur du liquide amniotique et le lèche en vocalisant (tendrement). Il arrive qu’elle mange le placenta. Une vache peut adopter d’autres veaux. (à suivre) |
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March 2023
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