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Ce qu'il faut pouvoir, ce qu'il faut savoir, C'est garder son rêve ; C'est se faire un ciel qu'on puisse encor’ voir Lorsqu'on se lève ; C'est avoir des yeux qui, voyant le laid, Voient le beau quand même ; C'est savoir rester, parmi ce qu'on hait, Avec ce qu'on aime ! Ce qu'il faut, c'est voir, au-dessus d'un toit. D'une cheminée, Au-dessus de moi, au-dessus de toi, D'une humble journée, D'un coin de Paris, - c'est cela qu'il faut, Car c'est difficile! - Un ciel aussi pur, un ciel aussi haut Qu'un ciel de Sicile ! Edmond Rostand, Le divan. Au long des sentiers qui serpentent sur le sol calcaire de l'Ombrie, le pistachier lentisque (Pistacia lentiscus) reçoit des hôtes qui le poussent à une belle créativité.
A gauche, production végétale (galle) en "cornes de chèvre" due à un puceron, l'aphidie Baizongia pistaciae. Fin mars début avril, une fondatrice éclot sur le pistachier et se nourrit des bourgeons foliaires : l'arbre réagit en produisant cette structure protectrice pour les larves de l'insecte. Deux générations de larves s'y succèdent. La seconde éclot en octobre-novembre, quitte la galle et s'envole en masse sur ses hôtes secondaires, les graminées. S'y développent des femelles sexupares ailées qui, en mai, retournent sur l'écorce du pistachier pour y donner naissance à de minuscules mâles et femelles sexuées aptères. Après accouplement de tout ce petit monde, la femelle développe un œuf unique qu'elle gardera dans l'abdomen jusqu’à éclosion au printemps suivant, après sa mort. A droite, une autre galle, sur les feuilles, due à une autre aphidie, Anopleura lentisci. Vous pouvez voir sa binette sur http://aramel.free.fr/INSECTES39'.shtml) Pour tout savoir sur le pistachier, consultez le beau Livre des Arbres, arbustes et arbrisseaux de l'excellent Pierre Lieutaghi. Pour tout savoir sur les galles, consultez le tout aussi excellent Sébastien Carbonnelle : https://www.researchgate.net/profile/Sebastien_Carbonnelle. Les genévriers se prélassent sous le doux soleil de mars. Le bocage m’ouvre le passage dans la pelouse calcicole. J'y dérange le pic-vert qui s'envole silencieusement. Hors de vue, il "rit" aux éclats et un lointain congénère lui répond aussitôt. Plus loin encore, un pic noir tambourine. En contrebas, un chevreuil aboie plusieurs fois.
Tout se tait. Le vent reprend son souffle et se rue vers l’est ; tintinnabulent les feuilles marcescentes du chêne voisin. Pourquoi donc les Fagacées (et d’autres ?) gardent-elles des feuilles sèches tout l’hiver ? Peut-être pour saluer musicalement le printemps. Peut-être pour permettre au dessinateur de labyrinthiser dans un tracé tout en sinuosités. Peut-être pour donner à contempler la fine dentelle d’une fragile existence. |
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March 2023
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